BEZIERS - La visite ministérielle se termine par un clash avec Robert Ménard
Tout avait trop bien commencé entre les deux hommes.Dès son arrivée à Béziers, le…
Tout avait trop bien commencé entre les deux hommes.
Dès son arrivée à Béziers, le secrétaire d'État Laurent Nuñez était remercié “personnellement” de sa venue en terre biterroise par Robert Ménard.
Sentant l'astuce de langage, Laurent Nuñez rétorquait qu'il n'était pas venu ici en nom propre mais bien au nom du Gouvernement.
Prévention et Répression
Le secrétaire d'État amené alors finement le débat sur la nécessité de mettre l'accent sur la prévention de la délinquance, laissant entendre au maire de la ville qu'il pourrait accentuer ses efforts en la matière, lui qui à son arrivée à la tête de la ville disposait d'un service médiation initié par son prédécesseur mais depuis remisé dans les oubliettes.
Le ton était donné entre les deux hommes mais toujours à fleurets mouchetés, dans la courtoisie et le paraître de bonne entente devant les caméras qui avaient fait le déplacement en nombre.
Mais cette façade de bonne entente et de courtoisie s'est peu à peu fissurée au fil du déroulé du programme.
Après la visite sur le terrain de l'école incendiée et du poste de police du quartier de la Devèze placé en ZSP en 2013 ( Zone de Sécurité Prioritaire), le cortège s'est ensuite dirigé vers le centre ville, au commissariat central puis en sous-préfecture pour rencontrer les acteurs de la prévention et de la répression et étudier les dispositifs en place.
La Police de Sécurité au Quotidien en question
A l'issue de ces séquences, le maire Robert Ménard est interrogé par la presse sur la présence de la Police de Sécurité au Quotidien dans sa ville.
Dès la sortie de ce dispositif permettant d'obtenir des renforts, le maire de la ville avait demandé à en bénéficier. Mais la candidature de Béziers n'avait pas été retenue à l'échelon national. Pourtant, cette semaine à l’Assemblée, Christophe Castaner interpellé sur le sujet par la Députée Emmanuelle Ménard, affirmait que le dispositif était mis en place sur Béziers.
Le Ministre traité de menteur
En fait, le dispositif prévoyant notamment cinq axes de travail avait été entre temps généralisé dans les quartiers, et donc mis en place partout en France mais sans forcément être accompagné d'affectation de policiers supplémentaires. Pour Robert Ménard, le compte n'y est pas “Quand un ministre de l'Intérieur raconte des craques à l’Assemblée nationale, c’est ce que c'est un menteur ! »
Des limites à ne pas dépasser
Une phrase assassine qui n'aura vraiment pas été du goût du Secrétaire d'État qui a décidé de stopper sa visite biterroise et de regagner Paris immédiatement. “Le maire de Béziers a traité le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, de menteur. Il y a des limites à ne pas dépasser et j’ai décidé de regagner Paris. “
Manifestement, les deux hommes, tous deux droits dans leurs bottes et persuadés d'avoir raison, sont restés sur une incompréhension mutuelle et sur une définition différente de la PSQ.
Qu'est ce que la PSQ ?
Engagement du président de la République, la police de sécurité du quotidien a été lancée le 8 février 2018. Elle vise à replacer le service du citoyen au cœur de l’action des forces de sécurité. C’est une police « sur mesure » qui s’adapte aux attentes de la population et aux besoins du territoires.
Pour se faire, 5 axes ont été définis pour pour donner notamment plus d’autonomie aux acteurs de terrain, développer les démarches en ligne, améliorer l’accueil des victimes ou encore simplifier la procédure pénale :
- une police respectées
- une police connectées
- une police sur mesure
- une police aux ambitions retrouvées
- une police partenariale
Une présence renforcée … mais pas partout !
La présence de la police sur la voie publique a été renforcée dans certains endroits mais pas à Béziers.
Par contre, des patrouilles pédestres ont été encouragées dans chaque commissariat, des brigades de contact et des unités en vélos tout terrain ont été créées pour faciliter la prise de contact et la proximité avec les habitants. De même, plusieurs réunions avec les commerçants et habitants ont été réalisées pour recueillir leurs attentes et présenter l’action de la police. L’accueil des victimes dans les commissariats a été amélioré. Les horaires d’ouvertures ont par exemple été adaptés pour mieux tenir compte du rythme de vie des Français.
La PSQ, à ne pas confondre avec le dispositif “quartiers de reconquête républicaine”
Dans les quartiers de reconquête républicaine, le dispositif est amplifié. Des cellules de lutte contre les trafics ont été mises en place pour définir des stratégies de démantèlement des réseaux et améliorer l’articulation entre polices administrative et judiciaire.
Des plans de lutte contre la radicalisation ont également été mis en place dans quinze quartiers particulièrement touchés par ces phénomènes.
Les forces de sécurité y ont également développé des services innovants au profit des usagers comme la brigade numérique, mais aussi des outils de signalement en ligne comme la plate-forme Perceval pour les achats frauduleux en ligne ou encore la plate-forme de signalement des violences sexuelles et sexistes . Ces téléservices permettent de simplifier les démarches pour les usagers et répondent à des enjeux de sécurité actuels.
Manifestement, cet enchevêtrement de mesures, ZSP, PSQ et QRR aux contours perfectibles aura semé la discorde entre les deux hommes juste qu'au point de rupture. Ils avaient pourtant décidés de faire bonne figure l'un à côté de l'autre, malgré les divergences politiques majeures.